par Michel BOURLET. |
C’est
en 1952 que le Conseil Municipal décida d’associer le nom du hameau
de LA BARRE à celui du vieux bourg antique de DEUIL.
Le nom DEUIL, « Diogilo, Divoailum, Duelio », dans les manuscrits anciens, peut dériver de DOL, signifiant « clairière des eaux dans un lieu bas », ou de DIV, désignant une « source sacrée ». Le nom pourrait donc provenir de l’existence du lac MARCHAIS, lieu de culte pré-chrétien et théâtre de la légende de Saint-Eugène et de ses miracles. Tout porte à croire en effet que ce lac MARCHAIS fut un centre de culte à l’époque Celtique. Le christianisme capta ce lieu de culte païen en y basant une partie de l’histoire légendaire de Saint-Eugène de Deuil : son arrestation, son martyre et son immersion dans les eaux, puis la redécouverte de son corps à l’époque Mérovingienne. Des miracles s’accomplissant sur la tombe du Saint dont le corps fut retrouvé dans les eaux du lac, le lieu devint centre de pèlerinages entraînant la construction de structures d’accueil et du premier village à l’époque Carolingienne. Un texte
de 862 mentionne des vignes à Deuil, appartenant aux moines de Saint-Denis.
Les « Acta Sancti Eugéni » textes des IXème et
Xème siècles, indiquent la présence d’un oratoire
sur le tombeau du Saint, puis d’une chapelle qui deviendra église
à l’époque romane.
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Le
XIXème siècle est celui des grands changements. On assiste,
d’une part, à la destruction des grands châteaux et domaines
épargnés pourtant par la Révolution, et d’autre part
à l’implantation de deux lignes de chemin de fer construites sur
levées de terre, dénaturant le paysage agricole et drainant
une population nouvelles d’ouvriers et d’employés. C’est à
cette époque également que la commune est amputée
de 65 hectares destinés à la création de la commune
d’Enghien les Bains résultant de la découvert des sources
thermales.
L’un des richesses Deuilloises, jusqu’en 1909, fut la vigne qui y est mentionnée dès le IXème siècle. Plusieurs textes nous indiquent que, certaines bonnes années, le vin Deuillois pouvait rivaliser avec le Bourgogne ! Saint-Louis et surtout Henri IV en visite au château d’Ormesson, semblaient goûter ce breuvage. Cependant, la plupart du temps, ce petit vin était vendu aux marchés parisiens. Jusqu’au milieu du XXème siècle, Deuil resta essentiellement un pays d’agriculteurs et d’arboriculteurs, et un lieu de séjour pour la Bourgeoisie qui y remplaça la Noblesse, puis pour certains artistes dont l’acteur Saturnin Fabre et le fantaisiste Bach. Un V2 allemand meurtrier, anéantit le coeur du vieux village le 4 octobre 1944, faisant 14 victimes en s’écrasant au chevet de l’église qu’il endommagea gravement. |
C’est au XIème siècle que le seigneur suzerain du lieu : Hervé de Montmorency, fait don de l’église aux moines de l’Abbaye de Saint-Florent de Saumur, à charge pour eux d’y fonder un prieuré qui bien vite deviendra florissant. Diogilo est alors, et pour plusieurs siècles, un simple village agricole regroupé autour de son clocher et de son prieuré. |
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L’après-guerre a bouleversé radicalement la ville - l’implantation de grands ensembles a multiplié la population - et l’a transformée en grande partie en ville-dortoir. L’agriculture, l’artisanat ont disparu. De rares petites entreprises se sont implantées. |
Dès
le XIIIéme siècle on note la présence d’un relais
de chevaux et d’une auberge au hameau de La Barre, sur le pavé de
Paris - Saint-Denis à Saint-Leu.
Durant tout le moyen-âge, Deuil connaît, à de multiples occasions, des pillages et des dévastations lors de sièges successifs de la forteresse de Montmorency située sur la colline dominant le village. Du XIVéme au XVIème siècle s’implantent les différents châteaux ou manoirs Deuillois : La Barre, le Becquet, Thibault de Soisy, Le Pin, Crisset, Ormesson et La Chevrette, qui, châteaux de plaisance à deux pas de la Capitale, attirent la Noblesse et la Bourgeoisie. La notoriété des propriétaires vaudra à Deuil la visite de grands personnages, parmi lesquels : Mazarin, Anne d’Autriche, Louis XIV lui-même accompagné de toute la Cour... Au XVIIIéme siècle, Madame d’Epinay propriétaire du domaine de La Chevrette, attire en ces lieux les « Lumières » : Jean Jacques Rousseau, Denis Diderot, le Baron Grimm, Carmontel, D’Holbach... entre autres. |
Cependant,
les champs conservés confèrent encore à Deuil-La-Barre
un aspect de « village en Ile de France ».
Le Musée de LA CHEVRETTE, crée en 1984 par M. Bourlet dans la Conciergerie restaurée de l’ancien château, retrace la riche histoire de la ville. L’église remontant au XIème siècle, remise en état et classée Monument Historique, présente une notable série de cinq chapiteaux romans historiés de belle facture, ainsi qu’un magnifique choeur gothique à colonnes jumelées du début du XIIème siècle. Le blason de Deuil, adopté en 1935, a repris celui des seigneurs de Montmorency, suzerains du lieu, et notamment de Bouchard VI appelé Bouchard Ier de Saint Leu et de Deuil : « d’or à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d’azur ordonnés deux à deux et au franc-quartier d’hermine » (signe d’une branche cadette des Montmorency). |
BIBLIOGRAPHIE :
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